Professeur : Christophe NAUDI
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Depuis le fond des âges, les instruments de percussion ont accompagné l’homme dans sa musique, dans sa danse et dans ses rituels. En Occident, ils se sont intégrés graduellement à l’orchestre et ont formé une section de plus en plus imposante dont, au fil du temps, le rôle a évolué et l’effectif s’est accrû.
Des instruments plus « exotiques », venant de cultures non occidentales, se sont ajoutés aux percussions traditionnelles, formant ainsi une source d’inspiration inouïe pour les compositeurs.
C’est la timbale qui semble à l’origine de l’utilisation de la percussion dans la musique occidentale.
Déjà durant l’Antiquité, on associait souvent cet instrument guerrier aux trompettes pour en renforcer l’éclat.
Plus tard, elle tiendra une place de choix dans les musiques royales, les musiques de cour et même dans la musique religieuse de Bach ou de Haendel.
C’est vraiment à la période romantique que la timbale trouve sa vraie personnalité : on lui octroie le titre d’instrument de musique. Les oeuvres de Brahms, de Tchaïkovski, de Wagner et surtout de Berlioz témoignent de cette évolution.
Par exemple, l’emploi des timbales chez Beethoven sert avant tout à imposer le rythme à l’orchestre, à conclure un accord ou à attaquer en solo une phrase rythmique, alors que Brahms insiste plutôt sur la couleur des sons. Son écriture pour la timbale enrobe l’harmonie ou les cordes et sert parfois de soutien aux instruments solistes de l’orchestre.
Au Moyen-Âge et à la Renaissance, les percussions jouent en général un rôle secondaire dans la musique instrumentale profane. Ce rôle changera petit à petit, de sorte qu’au XVIIe siècle, les percussions seront vouées à la musique militaire, où on la marie aux timbales et aux trompettes.
Bref, la section des percussions évolue selon les époques.
Ainsi, Haydn et Mozart utilisent certains idiophones (grelots, crécelle et petit tambour) alors que Beethoven les utilise de façon plus précise dans certaines symphonies (grosse caisse, cymbales frappées et triangle). Il va même pousser plus loin l’utilisation de la percussion dans Bataille de Vittoria, écrite en 1813. Cette oeuvre incarne l’une des premières expériences « spatiales » où les instruments de percussion sont divisés en deux groupes placés de chaque côté du grand orchestre.
La batterie :
La Batterie a vu le jour au début du siècle. Les principaux éléments qui la composent (Grosse Caisse, Caisse Claire, Cymbales,…) existaient déjà au sein des orchestres classiques et des fanfares militaires. L’apparition de la Batterie est directement liée à la naissance du Jazz, ainsi qu’aux différentes évolutions technologiques du début du siècle. « La batterie de jazz est l’héritière d’un passé ancestral où peau, bois et métal revêtent une perspective symbolique en rapport avec toutes les religions du monde. Elle porte aussi le poids des souffrances d’un peuple – le peuple noir – martyrisé pendant des générations et des générations. Alors que ses composantes sont, à sa naissance, d’origine étrangère – la grosse caisse et la caisse claire proviennent d’Europe, les cymbales de Turquie et de Chine, les toms proviennent de Chine, d’Afrique et des indiens d’Amérique – son assemblage même est un phénomène typiquement américain. Le regroupement de ses instruments en un seul a été le fait de musiciens-tambours inconnus – les premiers batteurs – qui jouaient dans les bars, les fêtes foraines, les cirques, les salles de danse et les théâtres, au cours des années 1890. » Le mot « batterie », utilisé surtout par les musiciens de jazz de l’époque, désignait plus particulièrement un ensemble d’instruments de percussions joués par un seul musicien.